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  • T. Ehrengardt (DREAD Editions)

Interview King Tubby de Scientist, le vrai (dub) du faux...

Le site Reggaeville publie une nouvelle interview de Scientist, l’ancien assistant de King Tubby, après avoir convenu avec lui qu’il « n’insulterait personne » ! Car depuis dix ans, le dernier grand dub master de Jamaïque, règle ses comptes avec tous ceux qu’il estime s’accaparer le mythe Tubby sans lui rendre ce qui lui revient... à lui, pas à Tubby. Si son histoire commence à être un peu rodée, elle recèle encore quelques points obscurs.

Tubby à la MCI, console légendaire qu'il abandonne vers 1975 ?

Il se serait, d’après cette interview, rendu chez Tubby la première fois pour lui acheter des parties d’un ampli KT88 qu’il fabriquait alors. Il s’agit d’une nouvelle version. Pour le livre King Tubby—the Dub Master (DREAD Editions), il me parle plutôt d’un collègue de travail qui fabrique la grille en fer forgée du studio. Et qui, sur ses instances, l’emmène avec lui un beau jour.

Scientist précise que Tubby « n’apprenait rien à personne », qu’il mettait les gens devant la console et qu’ils devaient « nager ou se noyer ». Voilà qui cadre assez bien avec les témoignages recueillis pour notre ouvrage sur la vie de Tubby. Il ne cherchait pas à « transmettre » son savoir, mais à déléguer pour gagner du temps. « Dès qu’il pouvait t’exploiter, se marre son ami d’enfance Snaffles, il le faisait. » Il lui arrive néanmoins de donner des conseils et des avis (il apprend à Fatman à graver une dub plate, par exemple), mais il règne avant tout en patron sur le 18 Dromilly Avenue, l’adresse de son studio. Chez Tubby, on était « assistant » plutôt « qu’apprenti ».

Tubby a quasiment arrêté de mixer vers 1975, comme le répète ici Scientist—à l’exception du titre Barber Saloon de Carlton Patterson, dit-il. Il est clair que Tubby lâche la console à cette époque, pour se concentrer sur la partie électronique de son business, plus lucrative ; car la plupart des producteurs qui viennent le trouver n’ont pas de quoi le payer et qu’ils compilent ses dubs derrière son dos sans rien lui verser. En fait, à partir de 1974-75, c’est son assistant Phillip Smart qui mixe la plupart des dubs sortis de chez ; puis ça sera Pat Kelly, puis Jammy, puis Scientist. Les disques de l’époque (dont ceux de Yabby You ou d’Augustus Pablo) confirment, qui créditent régulièrement les « assistants » comme ingénieurs. Cela ne veut pas dire que Tubby ne mixe plus du tout pour autant. Il aurait repris du service pour des producteurs comme Glen Brown ou Bertram Brown (du label Freedom Sound). Cherchent-ils (eux ou les labels qui ressortent leurs disques) à capitaliser sur le nom de Tubby de manière malhonnête, lui attribuant des mix réalisés par ses assistants ? Scientist l’affirme, en tout cas pour la chanson Grate (sic) Stone de Prince Allah, qu’il revendique.

Face B. créditée à Prince Phillip (Smart).

Scientist répète aussi ici que son « premier mix » chez Tubby fut Collie Weed de Barrington Levy. Ce titre est produit par Junjo Lawes, un badman de haut vol assassiné depuis et avec lequel il a de très houleuses relations. Son premier ? Non, il dit avoir mixé « quelques titres des Maytones avant ». Or Collie Weed est sortie en 1979, et on voit mal comment Scientist a pu, comme il le prétend avec véhémence dans notre ouvrage, mixer Grate Stone, sorti en 1976. Tubby a-t-il travaillé avec Freedom Sound après 75 ? Pourquoi pas, de manière ponctuelle ? Scientist, né en 1960, répète dans cette interview avoir rencontré Tubby vers 17-18 ans. Donc en 1977-78 ; donc après la sortie de Grate Stone. Cela étant, Scientist raconte aussi avoir longuement travaillé en bonne entente chez Tubby’s avec l’assistant Pat Kelly—le chanteur avait une formation en électronique. Or Pat Kelly a arrêté de bosser pour Tubby en 1976, au moment où Phillip Smart reprend sa place d’assistant après un an d’absence... Juste avant l’arrivée de Jammy. Scientist aurait donc mixé chez Tubby avant Jammy ? Bref, l’histoire commence à se dessiner avec plus de précision sous nos yeux, et l’on s’en réjouit. Même s’il reste encore pas mal de points à éclaircir et de moins en moins d’acteurs envie, Phillip Smart, Pat Kelly et King Tubby n’étant malheureusement plus là pour livrer leurs souvenirs.

Plus de détails dans notre ouvrage

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