Portraits of Jamaican Street Artists (3)
3. Lynford "BALLA" Johnson,
De la Maison de David
Chaque semaine, nous dressons le portrait de l'un des street artists présentés dans notre ouvrage Jamaican Street Art (DREAD Editions). Abonnez-vous à notre newsletter pour ne pas les manquer ! Cette semaine, honneur à Lynford "Balla" Johnson. English version below.
Balla est cool. Á 50 ans, l’œil vif, la démarche nonchalante et un sourire de môme, il ne porte que des habits qu’il a lui-même confectionnés. Même son sac à dos porte l’étiquette : Designed by Balla—Made in Jamaica. Cela faisait plus de dix ans que nous ne nous étions pas revus. Á l’époque, j’avais écrit un article sur lui. J’avais été impressionné par la superbe fresque David House qu’il avait réalisée en trois jours seulement devant le fief de l’artiste Capleton, à Papine, Kingston, en avril 1998. Depuis, il n’a pas dévié de sa trajectoire artistique, même si elle s’exprime plutôt à travers la mode.
Balla nous désarme d’un sourire enfantin puis nous entraîne à travers le quartier jusque chez Capleton, où il pénètre comme s’il était chez lui, saluant et plaisantant avec tous les types que l’on croise. Au fond du jardin, il nous désigne l’esquisse d’un portrait de Capleton, sa dernière réalisation. Balla accompagne le deejay depuis les tout débuts, alors que Capleton n’avait pas encore de tube ; les « impératifs de la vie » ont mené Balla derrière une machine à coudre ; mais, gamin, il passait des heures chez son voisin, un peintre rasta du nom de Jesse : « Je le regardais peindre, se souvient Balla, et j’en oubliais où j’étais. »
Balla, relocalisé du côté d’Harbour View, se concentre désormais sur la mode et vient de présenter officiellement sa nouvelle collection—il confectionne la plupart des habits de scène de Capleton qui, oscillant entre esprit africain et modernisme américain, ont été remarqués par le magazine américain Vogue lors de l'apparition du deejay sur la scène du Sumfest Festival, en 2017. Pourtant, à le voir repasser les traits effacés de son esquisse à l’aide d’un simple bout de charbon ramassé par terre, on est ébloui par la facilité avec laquelle il dessine. Un talent évident, mais qui a manqué d’opportunités pour s’exprimer. S’il déplore ne pas avoir reçu assez d’aide, il ne sombre pas dans l’amertume. Au contraire, l’art, il aime le pratiquer à la ghetto style. « Personne ne vient te dire : Hey, t’as pas le droit de peindre ici, etc. Tu vois un mur, ça t’inspire, tu peins dessus. » Spontané et libre, le street art jamaïcain n’aime pas les contraintes. Balla non plus.
Sur la fresque David House (ci-dessus) : Sur plus de 160 clichés présentés dans Jamaican Street Art (DREAD Editions), celui de la David House de Balla est le seul à ne pas être inédit. Découverte lors de mon tout premier voyage en Jamaïque, en 1999, dans un contexte exceptionnel, cette fresque a profondément marqué ma perception du street art local. Elle est légendaire, au moins pour moi—et se trouve aux racines de ce livre.
Retrouvez Balla et ses oeuvres dans notre ouvrage Jamaican Street Art (DREAD Editions) et suivez-le ou contactez-le sur Facebook : https://www.facebook.com/balladesigns
*** English Version ***
Lynford "Balla" Johnson
From the House of David
Balla is 50, and he is cooler than ever. Sharp and swift, he only wears the clothes that he made himself. Even his bag is Designed by Balla—made in Jamaica. I am very happy to see him again. Our last meeting was more than ten years ago. At the time, I was writing an article about his work, after I had discovered the gorgeous David House mural painting in Papine, Kingston, just in front of Capleton’s. He had painted it in three days’ time! Today, he’s still in arts, although more focused on dressmaking.
Balla gives us one of his disarming childish smiles, and then leads us through the community, eventually entering Capleton’s house as if his own, greeting a few friends and joking with everyone. At the back of the yard, he shows us a very nice sketch of his latest work, a portrait of Capleton.
Balla has always been close to the deejay, being a founding member of the David House—the artistic school of Capleton. Because of the tribulations of life, Balla ended up behind a sewing machine; but as a kid, he would spend hours in the yard of his Rasta neighbour, Jesse, watching him paint. "I would look at him," he remembers, "until I forgot where I was."
Balla doesn’t have much paintings to show us; now living in Harbour View, he mostly focuses on dressmaking, and he has just officially launched his latest collection. He is responsible for most of Capleton's stage outfits, and his style was hailed by the fashion magazine Vogue following Capleton's performance at the Sumfest Festival in 2017. Yet, as he he’s quickly reworking his sketch with a piece of coal that he casually picked up from the ground, we are impressed. He has talent, that’s a fact; unfortunately, he has never received full support from the institution Yet Balla "nuh feel no way", he’s not bitter. Painting is something he enjoys doing in a ghetto style: "In the ghetto, nobody will tell you : Hey, don’t paint here, etc. You see a wall, it inspires you, then you paint." Ah so it go: spontaneous and free, Jamaican street art doesn’t like strict rules. Neither does Balla.
Find more about Balla and his work in our latest book, Jamaican Street Art (DREAD Editions), and follow him or contact him on Facebook: https://www.facebook.com/balladesigns
About the David House painting (see above): There are more than 160 photographs in the book Jamaican Street Art (DREAD Editons) and this is the only one that is not previously unpublished.I photographed this painting during my first travel to Jamaica, 1999, in a very exceptional context, and it has deeply influenced my perception of local street art. It is legendary, at least to me—and is at the very root of this book.