top of page

DREAD Blog

Retour au BLOG

  • T. Ehrengardt (DREAD Editions)

Le mouvement "Rastafari"... édition de 1968 !

Nouvelle addition à la collection DREAD Editions, une rare première réédition du célèbre University Report datée de 1968.

Edition de 1968.

Il s’agit du rapport rédigé en 1960 par M. G. Smith, Roy Augier et Rex Nettleford au plein scandale du Révérend Henry (voir Hommes illustres de la Jamaïque). Ce petit ouvrage dresse un portrait historique et social d’un mouvement qui inquiète alors le gouvernement, jetant les bases de toutes les études un peu sérieuses sur le sujet qui ont suivi. Par paragraphes simples et courts, les auteurs abordent toutes les thématiques que l’on retrouve dans nos chansons reggae préférées :


  1. Les dreadlocks : tous les Rastas en portent-ils ? Que signifient-elles ? D’où viennent-elles ?

  2. La ganja : pourquoi les Rastas la fument-ils ? En fument-ils tous ? Comment le mouvement a-t-il adopté cette plante ?

  3. Les premiers Rastas : quand sont-ils apparus en Jamaïque ? Qui sont-ils ? Quelle a été leur histoire.

  4. Le mouvement : est-il dangereux ? En quoi croient les Rastas ? Que souhaitent-ils ?


Il s’agit d’une publication clé du mouvement que DREAD Editions a traduite et publiée pour la première fois en français en 2017 et qui a fait l’objet d’un second tirage en 2019. Aussi essentiel pour les gens qui s’intéressent à Rasta que pour les simples amateurs de reggae, cet ouvrage est une lecture indispensable.

Couverture de l'édition originale de 1960 (DREAD Editions).

Cette réédition de 1968 rejoint notre collection et fera, à l’avenir, partie intégrante de l’exposition Jamaica Insula (aux côtés de l’édition originale de 1960). Elle est rare et très intéressante, car elle rompt avec led codes universitaires rigides. Elle se veut clairement plus attractive que la précédente, moins protocolaire. Toujours imprimée par le Institute of Social and Economic Research, elle ne fait plus mention du University College of The West Indies en couverture, et laisse au contraire la place à une illustration explosive signée du grand artiste rasta Ras Daniel Heartman (1942-1990)—le dessin est un autoportrait avec son fils. On sent que l’idée est de créer un impact émotionnel et que l’on s’éloigne volontairement de la sobriété universitaire. De même, le rapport parle désormais du « mouvement Rastafari », en un seul mot, et non plus « Ras Tafari » (titre du Négus éthiopien, qui signifie « qui sera craint »). Cette dénomination qui a perduré, marque une sorte de réappropriation culturelle du titre impérial. C’est une manière, sans doute inconsciente, d’appuyer sur la dimension « locale » du mouvement, de le distancier de ses racines éthiopiennes.

En 4e de couverture de notre édition, Roy Augier, dernier auteur encore en vie du rapport,

pose avec un exemplaire de notre premier tirage, chez lui, à Kingston (2018).

1968. Cette date n’a rien d’anodine. C’est une année charnière en Jamaïque, faite de manifestations et de mécontentement—six ans après l’indépendance (1962), l’île hurle son désir de changement sous le gouvernement JLP et rejoint le mouvement des sociétés occidentales secouées par les aspirations d’une jeune assoiffée de liberté. En Jamaïque, c’est l’année de tous les dangers. Le parti en place a banni l’apôtre du Black Power sur l’île, Walter Rodney, déclenchant de nouvelles émeutes. Rodney, conférencier à la University of the West-Indies, justement, a fait le lien entre l’extrême gauche et le mouvement rasta, notamment par le biais de ses accointances avec le Révérend Henry—condamné pour haute trahison en 1960, Henry devient conseiller du futur Premier Ministre Michael Manley durant la campagne électorale de 1971 (voir Reggae et politique dans les années 70) ! Le gouvernement censure les chansons populaires jugées séditieuses (dont celle de soutien à Rodney par Carl Dawkins) et campe sur ses positions colonialistes, et la carte politique de l’île se redessine dans la rue. Soufflant avec le vent du changement, le jeune socialiste Michael Manley du PNP va bientôt s’emparer des codes révolutionnaires et rastas pour mener une campagne explosive au rythme du reggae et conquérir le pouvoir. Il plonge alors la Jamaïque dans une liesse identitaire sans précédent, libérant en partie « le mouvement Rastafari » du joug conservateur qui tentait de le juguler depuis les années 30. Mais l’expérience socialiste à la jamaïcaine va virer au cauchemar politicien et donner naissance aux « tribal wars » sur fond de guerre froide.


Réédition de 1975 (dr)


Pendant huit ans (1972-1980), les chanteurs reggae vont analyser les événements à l’aune de leur croyance rasta et explorer tous les thèmes développés dans ce rapport historique. De nombreuses autres éditions suivront dans les années 70, dont celle-ci de 1975, avec une couverture tout aussi magique.

Notre édition, second tirage de 2019.

TE

Featured Posts
Recent Posts
bottom of page