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Les visions rebelles d'Oku Onuora


Oku Onuora (dr)

Le dub poet Oku Onuora sort un nouvel album produit par Fruits Records. L'occasion de revenir sur le parcours d'un poète radical.

Étonnante et détonante sortie, ce nouvel album d’Oku Onuora débarque dans nos bacs comme un coup de poing, un coup de savate, un coup de lame échappé des années 70/80. Oku Onuora est un esprit rebelle depuis toujours. Enfant des quartiers est de Kingston, il s’immerge dans Rasta à un très jeune âge, puis bascule dans le radicalisme. Dans les collines avoisinantes de Kingston, il se livre à des entraînements paramilitaires, puis fond sur Babylone, arme au poing, pour orchestrer des braquages. Arrêté au cours de l’un d’eux, il est envoyé pour 15 ans en prison en 1970. Il a alors 18 ans. Découvrant la plume en prison, il se produit avec The Light of Saba venus donner un concert derrière les barreaux. Jugés subversifs, ses textes sont confisqués par les autorités. Oku Onuora, se déclarant prisonnier politique, tente à plusieurs reprises de s’enfuir, et se fait tirer dessus.

Arrêté au cours d’un braquage, Oku Onuora est envoyé

pour 15 ans en prison, en 1970. Il a alors 18 ans.

Activiste et poète, il se fait finalement repérer pour son talent, et publie des vers dans le Gleaner ou le Daily News avant de sortir son premier recueil de poèmes, ECHO, en 1978. Il est finalement gracié, et sort de prison en 1977, se rapprochant du Dub Poet Mikey Smith et participant aux événements culturels liés au One Love Peace Concert, en 1978 – le 45 Tours Reflections in Red (Tuff Gong) exprime d’ailleurs tout son scepticisme à l’égard de ce concert. L’histoire lui donnera raison.

Connu par chez nous pour son album Pressure Drop (Blue Moon, 1984), et considéré comme le premier dub poet, il pratique une Dub Poetry aux sonorités très rythmées, où les mots assénés comme des coups de poing, se lient dans un patois exacerbé. Après de longues années de réclusion artistique, Oku Onuora réinvestit la scène artistique depuis quelques années. Cet album, I've Seen, produit par les Suisses de Fruits Records (bien connus pour, notamment, leur collaboration avec le vétéran I Kong), entérine donc le retour de l’enfant terrible de la rime rasta, proposant quelques poèmes déclamés a capella sur un fond sonore sans fond, ainsi que des titres orchestrés par le groupe The 18th Parallel. Le son est roots, baigné de cette mystique 70s et arrangé avec élégance et un souci évident de donner du sens. L’intro de Not Now, par exemple, mêlant orientalisme et percussions rastas, fonctionne parfaitement, avant de déboucher sur un son très moderne et teinté de dub anglais. 16 titres donc, du Dubword Warrior qui, à l’aube de ses 70 ans, reste Dread comme au premier jour !

TE

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