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Street Artists, Portrait (7) : Bones Williams

Bones Williams, Á Main levée...

English Version below.

Bones Williams

C’est dans son petit yard d’East Street, tout en haut de Greenwich Farm, à côté d’un terrain de football sauvage où des gamins jouent dans les dernières lueurs du crépuscule que nous reçoit Bones Williams. Á 44 ans, il fait partie des meilleurs artistes de street art traditionnel, ou « historique » de sa génération. Avec une lueur d’admiration dans l’oeil, un passant nous désigne l’une de ses réalisations sur le mur d’un bar du quartier. Il ne s’agit pas d’un dessin mais d’un slogan complet pour la marque de bière locale, la Red Stripe. Ici, toutes les lettres sont tracées à la main. « Et Bones les trace toutes à main levée, confie le type. Sans jamais prendre de mesures avant. Comme pour ses dessins, il ne fait pas de croquis, il attaque direct à la peinture. » Une spécificité qui ne passe pas inaperçue en Jamaïque, et qui lui vaut un grand respect. Il ne s’agit pas simplement de peindre, mais de le faire avec style ! D’ailleurs, il bosse régulièrement pour les grandes boîtes de spiritueux, qui l’envoient à travers toutes la Jamaïque pour peindre leurs publicités.

« Donne-moi la brise, je te dessinerai la brise. »

Il est encore adolescent lorsqu’un « type friqué du quartier » lui refile 300 dollars pour son portrait. « Il a tellement aimé, se souvient Bones sur un sourire doux, qu’il m’a dit : Tu vois cette rue ? Choisis n’importe quel mur et peins dessus. » C’est ainsi qu’est née la vocation de Bones. Aujourd’hui, les nombreuses fresques qui explosent sur les murs de son quartier témoignent de son talent. « Donne-moi la brise, je te dessinerai la brise, dit-il. » La seule limite à son expression artistique est sociale ; issu de Greenwich Farm, peignant des fresques commémoratives (parfois pour des badmen) ou des publicités, il est relégué au rang d’artisan par le monde élitiste de l’art local. En 2004, invité à un festival jamaïcain à Roubaix, Bones a failli ne pas pouvoir y aller. « Les gars du Ministère de la Culture ont conseillé aux organisateurs de ne pas bosser avec un artiste du ghetto ! Mais ils ont tenu bon. » D’ailleurs, les choses commencent lentement à changer en Jamaïque. Si le street art moderne en plein essor et celui, historique, représenté par Bones, paraissent engagés dans un dialogue de sourds, les connexions se font peu à peu et la filiation, tellement évidente, finira doute par s’étaler au grand jour. En attendant, Bones poursuit son chemin comme il peint, « à main levée ». L’expression anglaise, plus parlante peut-être, parle de peintre « à main libre ». On ne saurait mieux définir Bones Williams.

Contact Bones Williams : www.facebook.com/bones.williams

Retrouvez les oeuvres de Bones dans notre ouvrage,

Jamaican Street Art (DREAD Editions).

Bones Williams, Free Hand Drawer

Bones Williams welcomes us in his yard on East Street, at the top of Greenwich Farm, Kingston—next door, some kids are playing football at dusk. Bones is today 44, and he stands among the best traditional, or historical, street artists of his generation. Earlier, a guy from the community pointed to one of Bones’ works with admiration in his eyes. It was no portrait, but the slogan of the local beer, Red Stripe—all letters hand-painted. “And Bones do it free hand, man!” our friend wondered. “Him never measure anything before; just like when him draw, man. No sketches—straight brush and paint.” This specificity is well acknowledged in his community, and people respect him for that. This is more than painting, this is painting with style! As a matter of fact, Bones travels all around Jamaica to honour some contracts with big companies like Wray & Nephew or Red Stripe.

Gimme the breeze, I’ll draw you the breeze.

He was yet a teen-ager when “a guy from the community with a bag of money” gave him 300 dollars to do his portrait. “He was so pleased with the result,” Bones Remembers, “that he told me: Kid, you see this street yah ? Pick any wall you like, and draw somehting pon it for me.” That’s how it all started. Nowadays, Bones has enough experience to say: “Gimme the breeze, I’ll draw you the breeze.” The only limit to his art is social prejudice. Hailing from a notorious community, painting ads and memorials, he’s considered as a mere craftsman rather than as an artist by a part of the local elite. In 2004, Bones was invited to France for an exhibition. “The guys from the Ministry of Culture told the guys from the exhibition that they should not bother working with a ghetto artist! But they held on.” Fortunately, things start to change in Jamaica. The modern street art is so rooted in the historical one that they are bound to connect soon. Meanwhile, Bones keeps on painting with a talented, and free hand.

Contact : www.facebook.com/bones.williams

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