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Jamaican Street Art: Fleet Street

Fleet Street, Paint It Jamaica

Southside, à Kingston, est une petite enclave de misère au sud est de la capitale ; elle jouit d'une terrible réputation. D’ailleurs le professeur d’université venue ce jour-là avec une poignée de ses élèves pour visiter Life Yard, une communauté rasta centrée autour du street art et de l’agriculture, n’en revient pas. Elle doit approcher la soixantaine et avoue n’avoir jamais mis les pieds par ici auparavant. Plusieurs fois, elle interroge l’artiste Life Child avec étonnement : Mais, tout de même... Faire ça, ici, à Southside... Moi, je n’ai jamais entendu parler de cet endroit que par les meurtres et les guerres de gangs. En effet, on a beaucoup tué, à Southside ; moins, depuis quelques années et l’émergence inespérée du collectif Paint Jamaica.

41 Fleet Street / Jamaican Street Art (DREAD Editions)

Né en 2004 à l’initiative de l’artiste Marianna Farag, ce mouvement artistique spontané a récolté des fonds auprès des principaux fabricants de peintures locaux afin de décorer les murs d’un vieux hangar désaffecté au 41 Fleet Street. Le nombre d’artistes à avoir répondu « présents » est impressionnant et le résultat, 4 ans plus tard, toujours détonnant. Sur des centaines de mètres carrés de mur, des fresques gigantesques et magnifiques exposent leurs couleurs gorgées de vie.

Pendant que l'artiste Life Child nous fait visiter les lieux, plusieurs habitants du quartier traversent le hangar, devenu une passerelle entre Fleet Street et la rue parallèle, naguère ennemies irréconciliables. Car le street art a apporté la paix dans le quartier.

"Au 41 Fleet Street, l’art est passé et ça a tout changé."

Depuis 2014, le collectif Paint Jamaica a cédé la place au collectif Life Yard qui fait visiter le 41 Fleet Street tout en gérant un yard adjacent : on peut y manger Ital (ou Végé-tal, la nourriture rasta) ou venir écouter ses responsables sur la possibilité de vivre autrement au coeur des ghettos. Dans le fond, un potager relie ces jeunes Rastas à l’un des enseignements premiers de leur croyance : celui de cultiver sa propre nourriture, la pureté de l’âme passant par celle du corps.

Dans la rue, le street art a « débordé » sur les murs de l’école voisine, de quelques bâtiments en ruines, et illumine des lieux autrefois glauques et terribles. Ce qu’il y a de particulièrement intéressant ici, c’est la nature des fresques : moins traditionnelles, elles sont signées par de jeunes artistes qui s’éloignent des codes locaux. Plutôt « qu’illustrer » fidèlement la réalité, ils ont décidé de la « commenter », et « d’influer » sur leur environnement. Cette nouvelle génération pleine de talent et d’entrain apporte un souffle nouveau au street art, en le rapprochant des canons internationaux.

Au 41 Fleet Street, le street art est passé, et ça a tout changé.

T. Ehrengardt

Retrouvez les oeuvres du 41 Fleet Street dans notre ouvrage:

Jamaican Street Art (DREAD Editions)

ENGLISH VERSION

41 FLEET STREET, Paint It Jamaica

Southside is a small and notorious community at the bottom of Kingston. As a matter of fact, a female teacher, who has come to visit Life Yard—a Rasta community centered on street art and agriculture—with a handful of students, can hardly believe it. She cuts in: But, honestly... To achieve something like this, here, in Southside... Every time I’ve heard about this place, it was all about murder and gang warfare... In Southside... Indeed, many people have been murdered around here—less, since the creation of Paint Jamaica, an artistic movement initiated by Marianna Farag in 2014. They obtained funds from the various local paint manufacturers and started to paint the walls of an abandoned warehouse at 41 Fleet Street. Many artists answered the call—4 years later, the results are still breath taking.

41 Fleet Street / Jamaican Street

The artist Life Child takes us around. During the tour, several residents cross the empty warehouse, which has become a passage between Fleet Street and the parallel street, once deadly enemies. Street art has brought peace on the map.

Paint Jamaica has gone, but Life Yard sprouted from it—this group of artists is located, across the street: they cook Ital food and receive tourists or students, telling them about their project. Cars of tourists in Southside? This alone is a victory. In the back, they grow their own food, as Rastas usually do—they think that a clean spirit must dwell in a clean body.

In the street, the murals have splashed against the walls of the nearby school, and now illuminate a once morbid setting. What is particularly interesting here, is the nature of these paintings: far less traditional, they were painted by a bunch of young artists, consciously drifting from the established codes of local street art. Rather than « illustrating » everyday life, they want to « pass comment », and to « influence ». This talented young generation brings Jamaican street art closer to international standards.

Street art has visited Fleet Street, and everything is changed.

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