- DREAD Editions
Ganja ou méthanol ?

Fut un temps, en Jamaïque, où l’on fumait de la Sensimilla (marijuana). Aujourd’hui, on fume plutôt du méthanol. Après le recours au vaudou (obeah) et les autels érigés à la gloire du diable, le crime en Jamaïque s’enfume désormais l’esprit de ce fluide chimique utilisé dans l’embaument des cadavres. Cry... you’re in Jamaica.
Ce sont les révélations récentes d’un criminel repenti de la côte nord qui mettent le feu aux poudres. Tandis que le nombre de meurtres s’envole dans l’île, les criminels de la côte nord semblent hors de contrôle. Loin de « dormir la porte ouverte » comme le leur promettait le Premier Ministre à son élection, les Jamaïcains ont plutôt l’impression que leur pays s’enfonce dans une spirale démoniaque.
Un sachet de poudre « obeah » autour du cou, une prière à Satan, une arme à feu et une cigarette imbibée de méthanol ; tels sont désormais les accessoires du parfait petit criminel « yardie » (jamaïcain). Le gouvernement, face à cette vague de violence sans précédent partie de la côte nord semble en pleine perdition. L’état d’urgence, les nouvelles « zones d’opération » et toutes les menaces déplacées du monde (le Ministre de la Sécurité menaçait, il y a un an, de poursuivre tous les criminels sans crainte car son oncle était un « obeahman ») n’y font rien. Il faut dire que les enchantements modernes s’avèrent « efficaces ». Le méthanol, substance très nocive, provoque des hallucinations visuelles et auditives, augmente la résistance à la douleur et pousse de jeunes sujets à commettre des crimes insensés. L’utilisation de drogues est une constante chez les criminels jamaïcains. La cocaïne avait déjà fait des ravages à la fin des années 80, bientôt remplacée par le crack. Le méthanol ? Pourquoi pas. Mais à l’heure où l’on parle de lutte contre les démons du crime qui louent le malin, avouons que l’image d’une drogue destinée, au départ, à embaumer les cadavres, a quelque chose... de terrifiant.