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Les "chants de Josué" : Beat Down Babylon (1971).

Parmi les titres utilisés par le PNP durant la campagne de 1971 pour soutenir le charismatique leader socialiste Michael « Joshua » Manley, le terrible Beat Down Babylon (Upsetter, 1971) de Junior Byles figure parmi les plus significatifs.

Capturant l’esprit de révolte qui souffle alors sur les bidonvilles de Kingston, le chanteur appelle à la destruction directe du système :

I-man n’aime pas le genre de Babylone,

Je n'aime pas trop les méchants,

Car je suis un Rastaman droit,

Et I-man est un terrible, terrible Rastaman,

I & I allons terrasser Babylone, nous allons chasser ces méchants,

Ô quelle triste situation !

I & I mourons de faim, ce qui pourrait causer une révolution et une dangereuse pollution.

L’attaque, imbibée d’idiomes rastas, résonne comme une déclaration de guerre contre le JLP, assimilé Babylone, symbole d’une société occidentale décadente appelée à s’abîmer. Ce titre foudroyant, désigné comme le plus populaire de toute la campagne par The Star est interdit de diffusion radiophonique, bien entendu ; et écrit l’histoire locale par le biais des jukebox. De tous les petits rads de Kingston et de province s’élève la complainte radicale de Byles. Elle passe dans toutes les soirées de Kingston aussi. Mais dès que la police l’entend, elle déboule dans la soirée pour faire cesser la musique. Car « Babylone » est un terme qui désigne le système, mais aussi ses « suppôts », les policiers. Et ces derniers le savent bien. Et ils se sentent attaqués par ces paroles. D’ailleurs, ancien policier, le producteur Duke Reid refuse de produire la moindre chanson comportant le terme Babylon ; du coup, il passe totalement à côté de la révolution rasta. De son côté, Michael Manley, qui se sert de ce titre jugé « séditieux » par ses adversaires, est sommé de s'expliquer. Fait-il le lit de la désobéissance civile ? Pour le politicien, ces paroles ne visent pas les officiers de police, mais les oppresseurs au service d'un système injuste. « Lorsque Junior Byles chante Beat Down Babylon, confie-t-il, il ne fait pas référence à la police. Les policiers sont des gens honnêtes qui font leur travail. (...) Beat Down Babylon est un moyen de dire : débarrassons-nous de l’oppresseur, l’oppresseur est Babylone, donc écrasons Babylone et laissons la justice triompher. »


Dans la marche triomphante vers le pouvoir de Manley, ce « chant de Josué » aura été parmi les plus influents. Junior Byles a d’ailleurs enregistré de nombreux « chants de Josué » ; mais plutôt comme interprète pour le compte du producteur Lee Perry, qui en signe la plupart des paroles. Il aura fait de Byles son « Joshua artist ». Curieusement, l’histoire parle peu de la version originale de Beat Down Babylon, qui ne fut écrite ni par Byles, ni par Perry mais par l’obscur artiste Harold Meikle, qui en enregistre même une superbe version avec le groupe Tropical All Stars sous le titre de Righteous Rastaman.

Pour tout savoir sur les "chants de Josué" et la relation entre reggae et politique, procurez-vous notre livre REGGAE ET POLITIQUE DANS LES ANNEES 70, récemment réédité !

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