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Les "chants de Josué " : Starvation (Gemini, 1969)...

Au début des années 60, loin du premier campement séparatiste de Leonard Howell, Rasta fait une percée dans la société jamaïcaine. Le Révérend Henry, âme visionnaire, plonge sa petite église "rasta" de Waterhouse dans les affres de la lutte révolutionnaire (voir Les Hommes illustres de Jamaïque). Il prépare le renversement du gouvernement et le rapatriement de force vers l'Afrique. Accusé de haute trahison, il est jugé en 1960, dans un climat inquiétant. C'est alors que l'universitaire M.G. Smith descend dans les ghettos de Kingston pour rédiger le fameux rapport : Le Mouvement Ras Tafari. Ce petit ouvrage essentiel décrit le mouvement et lui offre une reconnaissance sociale. Rapidement, Rasta intègre aussi la musique populaire, offrant une "conscience politique" aux petits délinquants que l'on appelle alors les "rudies" et qui vantent leurs exploits de misère sur des rythmes ska depuis le début des années 60. Face à tous ces changements, la musique change, se fait "rock steady" en 1966, puis "reggae" en 1968. Rapidement, Rasta devient l'ADN de cette nouvelle expression. Constatant les relations peu recommandables que tissent alors la musique et Rasta, le gouvernement tend l'oreille... et bannit tout titre jugé comme suspect, ne faisant qu'attiser le ressentiment des jeunes révolutionnaires jamaïcains.

A la fin des années 60, une revue éphémère mais crucial se crée, ABENG. Elle représente l'avant-garde intellectuelle et contestataire de Jamaïque, et se fait l'écho du phénomène reggae dans ses pages. En 1969, la couverture propose un poing dressé et un court texte sans explication : STARVATION, banned on R.J.R and J.B.C, a cry of our times... / STARVATION (famine), censurée sur RJR et JBC (les stations de radio nationales), un cri de notre temps..." Nous avons mis un peu de temps à identifier ce titre, pensant qu'il s'agissait de celui des Pioneers dans la première éditions de Reggae & politique... Mais il s'agit plutôt du terrible morceau enregistré par l'obscure formation Boston & the Soulites. Perclus de percussions rastas en toile de fond, proposant une mélodie tribale qui rappelle les litanies rastas et dénonçant la conditions de vie en Jamaïque, ce titre est l'exemple parfait de ce que la rencontre musique/rasta a pu donner à cette période. Censuré par le gouvernement JLP, il attise la colère des artistes qui se tourneront bientôt vers le parti opposé, le PNP, qui loin de censurer les chansons de la rue, va s'en servir pour mener campagne !

Retrouvez l'histoire du reggae et de la politique en Jamaïque dans :

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