Le Mouvement Ras Tafari, en quelques dates.
1930 : le couronnement...
Cette couverture du TIME magazine date de 1930. Elle paraît en novembre 1930, à l’occasion du couronnement du négus éthiopien qui, de Ras Tafari, devient alors Hailé Sélassié Ier. « Le Daily Gleaner consacre sa Une du 11 novembre 1930 à cet événement d’envergure internationale », souligne Le Mouvement Ras Tafari (DREAD Editions) en 1960. Aussitôt, des disciples de Marcus Garvey se souviennent de quelques lignes prophétiques publiées dans son journal Blackman la même année, et « se plongent aussitôt dans la Bible. S’agirait-il de l’élu évoqué par Garvey ? »
S’appuyant sur plusieurs passages des Révélations (Apocalypse), certains en sont aussitôt convaincus. « La dimension divine de Ras Tafari, reprend le rapport, (...) est prêchée simultanément, et sans concertation, par plusieurs personnes. » Ces « premier Rastas » sont identifiés par les auteurs du rapport, MG Smith, Roy Augier et Rex Netlleford : il y a Leonard P. Howell, bien sûr, dont le pinnacle deviendra l’un des chaudrons du mouvement ; mais aussi Joseph Nathaniel Hibbert, le franc-maçon, Archibald Dunkley, Robert Hinds ou encore Altamont Read qui, d’après le rapport, « redirige ses disciples vers un certain Johnson le jour où il devient le garde-du-corps de Norman Washington Manley (fondateur du PNP, et Premier Ministre lors de la sortie du rapport qui lui est dédié—nda), vers 1940. »
La « révélation » passée, « le mouvement de Ras Tafari » s’organise de manière désordonnée, refusant tout meneur et tout dogme. C’est néanmoins au Pinnacle d’Howell que semblent se cristalliser la doctrine. On y porte les premières locks de Jamaïque, on place la ganja (marijuana) au centre, spirituel et économique, du mouvement. Mais suite au second démantèlement du camp par la police, dans les années 1950, « plusieurs disciples d’Howell (...) s’éparpillent dans la nature, certains du côté de Kingston. » Ils débarquent alors dans les bidonvilles de Kingston ouest, notamment Trench Town, où leur croyance et leur mode de vie séduisent de plus en plus les petits délinquants en quête de repères, les « rudies ».
Chanson conseillée : Ethiopia des Hiltonaires (1965).