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Don Taylor, petit magouilleur ou grand businessman ?


"Bunny Wailer a déclaré que je n’en

avais pas encore assez dit !"

Les interviews ou articles consacrés à Don Taylor, auteur de Bob Marley & Moi, sont assez rares. Homme de l'ombre, il n'est réellement sorti de son anonymat qu'à la parution de ses mémoires, en 1995. Voici quelques passages traduits en français d'un papier paru le 30 mars 1995 dans le Weekly Journal.


Rencontre avec le Don. Dotun Adebayo a rencontré Don Taylor, l’homme qui se vante d’avoir fait de Bob Marley (...) un millionaire.

La chanson de Bob, So Much Things To Say, aurait pu être écrite pour Don Taylor. Car ce personnage haut en couleurs à la grimace narquoise et détenteur du pouvoir du Roi Midas, savoir transformer tout ce qu’il touche en or, n’aime rien tant que donner audience et, croyez-moi, il a de la tchatche ! (...) Connu sous le surnom de DT par ses admirateurs, et celui de “Jaws” (les dents de la mer) par ses détracteurs, Don Taylor est précédé par une réputation en demi-teinte. Selon la personne qui vous en parlera, il passe du statut d’incompétent qui virevolte d’un artiste à l’autre pour obtenir ses fameux 20% (et tout le reste), à celui de l’un des businessmen noirs les plus malins de son temps. Il serait à la musique, ce que Don King fut à la boxe (...) Tous deux étaient passés maîtres en l’art de sortir des négociations avec plus d’argent que n’en avaient jamais espéré les artistes qu’ils représentaient.(...)

On ne peut que s’incliner devant son CV : Marvin Gaye, Little Anthony & The Imperials (from way back when), Martha Reeves and The Vandellas, LA & Babyface, Jazzie B, Jimmy Cliff, Sam Cooke, Gregory Isaacs, Burning Spear et, bien sûr, Bob Marley, le sujet de son premier livre (...), So Much Things To Say (sorti sous le titre original de Marley and Me, note du traducteur). Il en a déjà vendus plus de 10 000 exemplaires rien qu’en Jamaïque (un record dans les Caraïbes), en enchaînant les émissions de télévision, les interviews pour les journaux, se démarquant dans son exercice préféré, l’autocongratulation. (...) “Tout ce qui se trouve dans le livre est vrai, “répète-t-il à l’envi. “Même Rita ne le conteste pas. Tout ce qu’elle trouve à dire, c’est: “Cho! Je ne me soucie pas de Don Taylor!” Qu’elle ne l’ait pas traduit en justice est vécu par Don Taylor comme la preuve de son honnêteté. (...) “Partout, les gens me serrent la main en me disant : Bravo, Don Taylor ! C’est bien de dire la vérité. Bunny Wailer, lui, a déclaré que je n’en avais pas encore dit assez ! Vous connaissez la Jamaïque. Pensez-vous que je pourrais vivre sur place si je ne m’en étais pas tenu à la stricte vérité ?” (...)

Pour enfoncer le clou, il rappelle que ce livre n’a rien à voir avec une tentative de faire du fric sur le nom de Marley. “Je suis un homme riche (...). J’ai déjà plus que nécessaire (...). Je n’ai même plus besoin de travailler.” Ce qu’il retire de ce livre n’est, en effet, que de l’argent de poche pour cet homme qui vit dans le “triangle d’or” de Kingston, non loin du Premier Ministre. A moins que l’ouvrage ne devienne un best-seller mondial, ce qui ne risque guère de se produire, il ne gagnera pas grand-chose dessus. Pourquoi l’écrire, dès lors ? Qu’en retire Monsieur 20% ? “Je n’ai jamais essayé de capitaliser sur le nom de Marley depuis sa mort mais ce que je dis ici avait besoin d’être dit, car à sa mort, la succession de Marley m’est tombée entre les mains et je l’ai remise à Rita. Et on m’a rapporté qu’elle racontait partout que j’avais gardé le fric. Bob me faisait entièrement confiance (...). En fait, sur les contrats Island, c’est moi qui signait sous le nom de Marley. C’était un petit tour de passe-passe, au cas où... Pour court-circuiter Blackwell. (...) Rita ne peut pas se plaindre de mon livre, je l’ai épargnée en laissant de côté des tas de choses que j’aurais pu ajouter.

Taylor s’est montré moins charitable envers le fondateur d’Island Records, le Jamaïcain blanc Chris Blackwell (...). Il hausse les épaules et signale que la carrière de nombreux artistes a périclité à partir du moment où ils ont signé sur Island. (...) “Bob avait décidé de construire un studio international à Kingston, le plus performant de toutes les Caraïbes. En l’apprenant, Blackwell s’est empressé de bâtir le même à Nassau. Bob l’a mal pris (...) et c’est pour ça qu’il a refusé de se rendre à l’inauguration du studio. Il a envoyé Lee Perry à sa place, qui a décapité un poulet dans le studio.” On m’avait prévenu de ne pas prendre tout ce que Taylor raconte pour argent comptant, mais on résiste difficilement à son charme. Après une heure d’entretien, vous vous retrouvez sous son charme; dans la paume de sa main. Taylor vous chambre, vous charme et vous cajole, jusqu’à ce que vous vous rangiez à son avis; (...) Quinquagénaire, il tient plus du “méchant” que du “pourri”. (...) Pourquoi devrions-nous croire ce qu’il raconte dans son livre ? “Parce que c’est la vérité”, dit-il en souriant.

DR

Bob Marley & Moi, par Don Taylor (DREAD Editions) / + Discographie complète de Bob Marley.

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