Gladstone Anderson, RIP

Le légendaire Gladstone Anderson, joueur de keyboard né dans à Jones Town (Trench Town) en 1934, s'est éteint le 6 décembre dernier, laissant derrière lui des centaines de participations à divers morceaux d'anthologie ainsi qu'une douzaine d'albums solos. La photo que nous publions pour célébrer son souvenir fut prise dans la cour mythique de Studio One, à Kingston, alors que Coxsone (décédé lui-même depuis), avait repris du service, draînant dans ses anciens locaux toutes les plus grandes légendes d'une musique disparue, le reggae. Gladstone nous fit l'effet d'un homme posé et discret, très réfléchi. Et surtout, au top de la mode... des années 70! Impeccablement habillé à chacune de nos rencontres, il répondait à tous les codes des années 70, des chaussures Clarke's jusqu'à la casquette en velours et les chaussettes remontées jusqu'à mi-mollet. Il dégage d'ailleurs une vibration funky roots des plus réussies.

Mais Gladstone, loin de vivre dans le passé, nous donnait rendez-vous aux studios Tuff Gong où, chaque dimanche matin, à l'ancienne, il organisait des auditions sauvages sous un manguier du parking sans poésie du lieu pour le compte de la famille Marley. Mains dans le dos, les yeux rivés au sol ou bien marquant le rythme d'un claquement de doigts lorsqu'une mélodie attirait son attention, il écoutait pendant des heures de jeunes prétendants à la gloire. A l'ancienne toujours, il lâchait un simple : reviens la semaine prochaine, pour recaler un artiste. Lorsqu'un artiste mécontent de son jugement osait élever la voix, tout le monde autour le remettait rapidement à sa place : hey, man! On dirait que tu ne sais pas à qui tu t'adresses. Allez, on t'a dit de revenir la semaine prochaine...

Ainsi "régnait" Gladstone Anderson sur les terres du reggae, avec discrétion et souveraineté. Un peu comme il jouait sa musique...